HB No 6 Hors Page

HB No 6 Hors Page

Exposition au Centre Clark

La Galerie Joyce Yahouda est co-fondatrice et co-productrice de la revue HB. 

12 janvier au 18 février 2017
Vernissage : 12 janvier 2017
20h00
Barry Doupe, Jess Johnson, Pierre Hébert, Lilli Carre, Amy Lockhart, Jenny Lin, Sophie Latouche, Dennis and Debby club, Jacques Desbiens, Adrian Norvid

Sophie Latouche
Danièle
2016
Commissaires HB : Marie-Pier Bocquet, Kaeten Bonli, Jonathan Demers, Corine Lemieux, Yan Romanesky, Julie Tremble, Joyce Yahouda Commissaires Centre Clark : Roxanne Arsenault, Manon Tourigny

Commissaires HB : Marie-Pier Bocquet, Kaeten Bonli, Jonathan Demers, Corine Lemieux, Yan Romanesky, Julie Tremble, Joyce Yahouda

Commissaires Centre Clark : Roxanne Arsenault, Manon Tourigny

HB œuvre à présenter les pratiques actuelles du dessin dans une revue imprimée, sorte d’exposition sur papier où se déploient, se côtoient et interagissent les œuvres au détour de chaque page. Assemblés dans le plaisir par un collectif de commissaires, les numéros de HB publiés depuis 2013 proposent une sélection surprenante d’artistes établis comme émergents, québécois, canadiens ou étrangers.

Faisant suite à deux parutions thématiques (le no 4 Erotica et le no 5 Structures - à paraître), ce sixième opus interroge les pratiques du dessin qui débordent du cadre et qui  apparaissent «inexposables» dans le contexte de la publication. Les œuvres sélectionnées posent des problèmes évidents de reproduction, ne pouvant être réduites à une page qui les dépouillerait de leur spatialité, leur temporalité, leur immersivité ou leur interactivité. Elles mettent en lumière les limitations du format et non celles du modèle curatorial d’HB, qui une fois transposé aux espaces d’exposition, maintien sa cohérence, son flair et son mordant. Les commissaires proposent ici un corpus qui ne prétend pas dresser un portrait exhaustif des stratégies employées par les artistes qui dessinent hors page, mais qui cristallise plutôt une vision singulière en concordance avec l’esprit de HB. Dans cette optique, l’exposition se présente comme un numéro en soi, disponible pour une durée définie et dans un espace donné.

Le dessin numérique et la modélisation ont la part belle dans cette exposition collective regroupant 10 artistes, œuvrant pour la plupart en animation. Chez Amy Lockhart, différents micro-récits parallèles se développent dans des animations irrévérencieuses, brutes et saccadées qui rappellent l’esthétique et l’univers sonore des jeux vidéo 8 bits. DansJill, œuvre de Lilli Carré, un personnage apparemment dépourvu de libre-arbitre se construit et se déconstruit sous nos yeux, réagissant aux commandes d’une narratrice hors-champ qui relèvent tantôt d’une interaction, tantôt d’un ordre. La déconstruction est aussi à l’œuvre dans Whaty de Barry Doupé où de vagues visages humains se font et se défont, apparaissent et disparaissent en formes colorées qui elles-mêmes se meuvent dès que l’on tente de les saisir du regard. Pour sa part, le duo écossais Dennis and Debbie Club utilise l’animation générée par ordinateur (CGI) pour créer des mondes complexes, détaillés et surréels, visant à sublimer l’expérience traumatique du deuil et à provoquer une immersion sensorielle.

L'immersion est également un enjeu chez Jess Johnson qui investi une partie de la salle d’exposition d’une installation juxtaposant dessin mural et vidéo. En résulte une proposition in situ aux possibilités tentaculaires, à l’instar des dessins de l’artiste qui combinent des superpositions de motifs, de formes et de couleurs dans des compositions kaléidoscopiques futuristes. L’immersion est donc ici physique, alors queReplay, a Memory Game de Jenny Lin, appelle le spectateur à s’investir dans un univers virtuel qu’il explore à partir d’un poste informatique à même la salle d’exposition. Créé à la manière d’un jeu point and click où le joueur navigue à travers différents tableaux, Replay possède une structure narrative fragmentée et modulable, inspirée du flou entourant les souvenirs d’un accident. Adrian Norvid propose pour sa part un autre type de rencontre avec le spectateur. Son dessin obsessif, satirique et grinçant prend une forme tridimensionnelle (ou architecturale), constituant à la fois le décor et le reliquat de sa pratique performative. Scratch, de Pierre Hébert incarne une rare occurrence de la gestuelle du dessin dans cette exposition. Son animation, réalisée par inscription sur la surface sensible de pellicules filmiques, laisse visible le matériau et les différentes modalités de lignes qu’il permet de produire de même que sa qualité cinématographique intrinsèque. L’enchaînement des formes abstraites trouve une belle résonnance dans la pratique caustique de Sophie Latouche, où lignes et formes de couleur s’enchaînent dans une boucle sans fin avec ce soubresaut caractéristique des gifs animés.

Faisant écho à la forme de la publication imprimée, leTractatus Holographis de Jacques Desbiens constitue un curieux objet holographique dont l’expérience serait impossible hors de paramètres optiques contrôlés. Prenant la forme d’un livre dont l’apparence se modifie selon l’angle de vision du spectateur afin de laisser une page se tourner, le Tractatussemble faire un clin d’œil à l’intention de HB de présenter des expositions sur papier se découvrant feuillet après feuillet. La fascination qu’exerce le dispositif proposé par Desbiens, ne révélant pas facilement son mode de fonctionnement, nous confirme que seul l’espace réel, ce hors page, pouvait nous le donner à voir. 

- Marie-Pier Bocquet, co-commissaire

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