Du détail à l'oeuvre

Du détail à l'oeuvre

Commissaire invité: Yan Romanesky
Projet Jeunes commissaires
1 août au 6 septembre 2014
Sébastien Worsnip
I'll be gone by the time the elephants arrive
2011
Acrylique et pastel sur toile
160 x 213 cm / 63 x 84 in
Sébastien Worsnip
Les traces qui restent
2011
Acrylique et pastel sur toile
170 x 225 cm / 66.9 x 88.6 in
Denis Rousseau
Entre les fils no . 3
2012
Polyuréthane
55 x 8 x 8 cm / 21.7 x 3.1 x 3.1 in
Denis Rousseau
Rose - Aimée De Nano
2012 - 2013
Impression à jet d'encre
94 x 88. 9 cm / 37 x 35 in
Denis Rousseau
Rose - Aline De Nano
2012 - 2013
Impression jet d'encre
94 x 88.9 cm / 37 x 35 in
Jacques Fournier
Fleuron d'été
2013
Dos de fauteuil (bois, tissu), papier, encre, papier autocollant
58 x 73 x 10 cm / 23.2 x 28.7 x 3.9 in
Sylvia Safdie
Fig. 5
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 2
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 7
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 4
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 3
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 6
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Fig. 1
2013
Graphite sur papier Mylar
23 x 30.5 cm / 9.1 x 12 in
Sylvia Safdie
Morning 3
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 31
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 14
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 33
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 18
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 16
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Sylvia Safdie
Morning 47
2013
Image tirée de la vidéo, impression numérique
15.3 x 27.1 cm / 6 x 10.7 in
Perry Bard
Mothlight Distributed
2013
Vidéo, couleur, son
3 min. 30 sec. / 00:03:30
Massimo Guerrera
L'heure du lunch (sortie de la cantine no. 4)
1996
Impression numérique, peinture acrylique
25 x 38 cm / 9.8 x 15 in
Massimo Guerrera
Partager les outils d'affection
2003 - 2008
Encre, acrylique, vernis, polymère sur papier marouflé sur toile
112 x 145 cm / 44.1 x 57.1 in
Massimo Guerrera
Accueillir ce qui advient
2007
Encre, acrylique, vernis polymère sur papier Rives marouflé sur toile
132 x 101.6 cm / 52 x 40 in
Annie Briard
Perceptual Moment # 8
2013
Vidéo couleur, muet, cadre de bois, écran Led
3 min 14 sec / 00:03:14
Michel Boulanger
Sol volatile
2005
Craie lithographique et transfert acétone sur papier
77 x 120 cm / 30.3 x 47.2 in
Michel Boulanger
Difficulté d'émergence
2008
Impression numérique sur papier coton
89 x 119 cm / 35 x 46.9 in
Sarah Bertrand-Hamel
Maquette, l'atelier du VA
2010
Graphite et crayon de couleur sur papier
76 x 56 cm / 29 x 22 in
Sarah Bertrand-Hamel
Maquette, l'atelier du VA (détail)
2010
Graphite et crayon de couleur sur papier
76 x 56 cm / 29.9 x 22 in
Sarah Bertrand-Hamel
La disparition du portrait (détail)
2010
Graphite et crayon de couleur sur papier
76 x 56 cm / 29.9 x 22 in
Fabrizio Perozzi
Séquences
2013
Huile sur papier japonais
41.2 x 186.5 cm / 16.2 x 73.4 in

Texte de Yan Romanesky, commissaire invité: «En histoire de l’art, le détail a toujours joué une fonction primordiale. Il exprime un désir de voir, de scruter, d’analyser en profondeur une oeuvre d’art. Le détail sert généralement d’outil pédagogique aux historiens de l’art afin de diriger le regard des lecteurs ou auditeurs sur un objet, un personnage ou une texture déterminante pour la compréhension d’une oeuvre. Mais il est également utilisé par de nombreux artistes qui s’en inspirent lors de leur processus créatif. Par exemple, Rodin réutilisait souvent certains détails de ses sculptures : mains, jambes, parfois même des corps entiers dont il retravaillait seulement la posture. De son côté, Picasso se réappropriait certains détails d’oeuvres très connues, le plus célèbre étant L’infante Marie-Marguerite au sein du tableau Les Ménines de Vélasquez.Le détail est souvent un prétexte à des échanges avec le spectateur. Il l’invite à un jeu d’observation, d’interprétation et d’investigation. C’est en réfléchissant aux usages potentiels du détail dans la conception d’une oeuvre d’art que j’en suis venu à m’intéresser à la place qu’il occupe dans la production de certains artistes en art contemporain.»

Texte de Yan Romanesky, commissaire invité:

«En histoire de l’art, le détail a toujours joué une fonction primordiale. Il exprime un désir de voir, de scruter, d’analyser en profondeur une oeuvre d’art. Le détail sert généralement d’outil pédagogique aux historiens de l’art afin de diriger le regard des lecteurs ou auditeurs sur un objet, un personnage ou une texture déterminante pour la compréhension d’une oeuvre. Mais il est également utilisé par de nombreux artistes qui s’en inspirent lors de leur processus créatif. Par exemple, Rodin réutilisait souvent certains détails de ses sculptures : mains, jambes, parfois même des corps entiers dont il retravaillait seulement la posture. De son côté, Picasso se réappropriait certains détails d’oeuvres très connues, le plus célèbre étant L’infante Marie-Marguerite au sein du tableau Les Ménines de Vélasquez.
Le détail est souvent un prétexte à des échanges avec le spectateur. Il l’invite à un jeu d’observation, d’interprétation et d’investigation. C’est en réfléchissant aux usages potentiels du détail dans la conception d’une oeuvre d’art que j’en suis venu à m’intéresser à la place qu’il occupe dans la production de certains artistes en art contemporain.»

 J’ai ainsi choisi le travail de 12 artistes qui jouent de différentes manières avec un détail se trouvant soit dans leurs œuvres précédentes, soit dans celles d’autres artistes ou encore qui utilisent le détail comme sujet de leur œuvre.

L’approche scientifique

Certains artistes adoptent une approche définitivement scientifique lorsqu’ils ont recours à un détail d’une œuvre précédemment réalisée. C’est le cas de Denis Rousseau et de Sébastien Worsnip qui ont agrandi un détail microscopique d’une de leurs œuvres afin d’en tirer des images qui évoquent paradoxalement le monde du cosmos.

C’est également une méthode d’exploration de l’image qu’utilise Fabrizio Perozzi qui étudie les rapports entre la représentation et la réalité. En dessinant une succession de plans rapprochés autour d’une sculpture, présentés comme une bande cinématographique, Perozzi compare les effets de la composition et du traitement du noir et blanc entre chacun des plans.

De son côté, Stephen Schofield joue avec l’idée du catalogage scientifique en présentant dans ses dessins un échantillon ordonné de détails (bras, mains, formes structurelles) provenant de ses anciennes sculptures.

Cette idée du catalogage se retrouve également dans l’œuvre de Perry Bard qui s’est intéressée au film Mothlight de Stan Brakhage. Ce dernier a réalisé son film sans avoir recours à une caméra, en collant un inventaire de moustiques, de plantes, de terre et de détritus entre deux lanières de pellicule Mylar qu’il a ensuite fait transférer  sur pellicule 16mm. Le résultat fait penser à une analyse au microscope qui aurait été filmée en accéléré. Perry Bard a elle aussi réalisé son film sans avoir recours à une caméra, en présentant en simultané un répertoire de six versions du film de Brakhage trouvées  sur Youtube. 

Les œuvres de Michel Boulanger, pour sa part, proviennent d’un véritable projet de recherche visant à instruire ses étudiants sur les techniques d’animation 3D. Ses dessins, qui semblent réalisés  à la main, sont en réalité des éléments provenant  d’extraits d’une courte animation 3D réalisée  à l’ordinateur.

Le détail icône

Certains artistes  réutilisent des éléments de leurs  œuvres anciennes  qui comportent une charge émotionnelle significative  et qui continuent  de les hanter longtemps après leur création. Dans les œuvres de Massimo Guerrera par exemple, un motif de personnage à trois têtes, provenant d’une  performance réalisée à trois il y a quelques années, refait fréquemment surface. Ce motif, devenu presque iconique, ajoute au tableau auquel il est intégré une symbolique de partage entre les êtres.

Pour Sylvia Safdie, il s’agit de l’image d’une femme portant un bébé emmailloté sur son dos qui est apparue dans le champ de la caméra lors du tournage d’un plan fixe à Amzrou au Maroc. Cette apparition de quelques secondes incarne parfaitement une thématique chère à l’artiste, soit celle de la présence et de l’absence. Ce court extrait, détail d’une longue séquence de film, est ainsi devenu l’objet d’une série de photos et d’une série de dessins de l’artiste.

La recherche du détail

Quelques artistes utilisent le détail dans la conception même de leurs œuvres d’art. Sarah Bertrand-Hamel a, par exemple, utilisé un procédé de mise en abîme par lequel elle a reproduit une œuvre ancienne, qui avait elle-même comme sujet une œuvre précédemment réalisée. À chaque fois, elle utilise un support  différent, par exemple en employant le dessin pour reproduire une de ses photographies qui, elle, montrait une de ses installations. Ses œuvres deviennent ainsi continuellement un détail de ses œuvres suivantes.

Annie Briard, dans son œuvre Perceptual Moment #8, met en scène le détachement d’un petit segment de la trame de fond d’une image. Ce procédé oblige le spectateur à prendre le temps d’analyser l’œuvre afin de connaître la nature de ce détail, qui s’agrandit très lentement. Le détail, mais aussi la curiosité qu’il suscite, deviennent ainsi le sujet même de l’œuvre.

Dans l’œuvre Fleuron d'été de Jacques Fournier, réalisée à partir de lanières de livres, il ne nous reste plus que des fragments de phrases, de petits détails d’histoires qui, lues indépendamment, prennent un sens nouveau en nous laissant imaginer le contexte duquel elles proviennent.

Cette idée de la déconstruction fait également partie du processus créatif d’Andréa Szilasi. Dans un musée, avec son portable, l’artiste a photographié un détail d’une sculpture de femme nue qu’elle a ensuite agrandi, imprimé, déchiré, recollé et photographié. Ce détail devient ainsi méconnaissable, acquérant dans les techniques de transformation de Szilasi des qualités sensuelles indéniables.» 

 

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